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Existe-t-il un lien entre le tabagisme et la COVID-19 ?

Une étude suggère que fumer augmente la sensibilité au coronavirus.

Récemment, des scientifiques ont réussi à identifier comment le coronavirus, le SRAS-CoV-2, infecte notre corps. Tout comme le virus du SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère virus) à partir de 2003, le SARS-CoV-2 utilise l'ACE-2R (Angiotensin Converting Enzyme -2 récepteur) pour se fixer à nos cellules puis entrer dans notre corps. L'ACE-2 est exprimé dans de nombreux tissus organiques mais est très abondant sur les cellules du système respiratoire. Cela explique pourquoi le virus se propage principalement de cette manière et souligne l'importance d'une bonne hygiène des mains ou du maintien de la distance nécessaire entre les personnes.

Actuellement, le rôle exact de l'ACE-2R dans notre corps n'est pas entièrement élucidé. Il est clair qu'il fait partie d'un système complexe, le système dit RAAS (système rénine-angiotensine-aldostérone), qui joue un rôle dans la régulation, entre autres, de notre tension artérielle et de notre volume sanguin. Les scientifiques essaient maintenant d'identifier les interactions gène-environnement qui peuvent nous rendre plus ou moins sensibles aux infections. Les interactions gène-environnement sont des facteurs externes qui peuvent influencer l'expression des gènes de l'ACE-2R, c'est-à-dire augmenter ou diminuer le nombre d'ACE-2R.

Par exemple, on étudie s'il existe une relation causale entre l'usage du tabac et la transmission du SRAS-CV-2. Il a été suggéré que l'inhalation de fumée de tabac peut augmenter le nombre d'ACE-2R sur les cellules et ainsi augmenter la sensibilité. Les populations des pays initialement les plus durement touchés comme la Chine, la Corée du Sud, l'Italie, l'Espagne et la France affichent un taux de consommation de tabac significativement élevé d'environ 20 à 30 %.

De plus, le plus grand nombre d'hommes victimes de la COVID-19 par rapport aux femmes (58 % contre 42 %) pourrait en partie s'expliquer par la proportion plus élevée d'hommes fumeurs. On constate également que 21% (29/137) des fumeurs infectés subissent une infection grave par le SARS-CoV-2 contre 14,5% (134/927) des non-fumeurs. Pour assurer l'exactitude scientifique de cet article, il convient de noter que la relation causale significative entre le tabagisme et le COVID-19 n'a pas encore été démontrée. Des études antérieures montrent que l'inhalation de fumée de cigarette peut en effet augmenter le nombre d'ACE-2R dans les voies respiratoires. D'autres études montrent que la relation entre l'inhalation de fumée et l'augmentation de l'ACE2-R n'est pas aussi nette. Cependant, il a été démontré que le tabagisme, parmi tous ses autres effets destructeurs, affecte de manière significative le fonctionnement du système immunitaire et peut vous rendre plus vulnérable à la pneumonie.

La collecte de données comme celle-ci est cruciale pour mieux cartographier les autres propriétés épidémiologiques du COVID-19. Chaque jour, des étapes sont franchies dans le développement d'un vaccin ou d'un traitement. La route est longue, mais je suis convaincu que notre intelligence et notre persévérance collectives permettront de traverser le COVID-19.

Références :

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