Un simple capteur de température portable peut détecter la fièvre chez les patients cancéreux plus tôt que la surveillance de routine.
L'appareil prend une mesure toutes les deux minutes et la transmet sans fil au Cloud. Il s'agit d'une nouvelle invention des chercheurs du Rogel Cancer Center de l'Université du Michigan. L'équipe espère l'utiliser pour détecter plus rapidement les effets secondaires qui affectent la température corporelle chez les patients atteints de cancer. Cela peut inclure le développement d'infections ou de «syndrome de libération de cytokines (SRC)», un ensemble de symptômes qui peuvent se développer comme effet secondaire de certains types d'immunothérapie.
L'étude a examiné les données de 62 patients ayant reçu un traitement pour un cancer hématologique, soit du sang, soit d'un lymphome. Il s'agissait d'une thérapie ou d'une chimiothérapie cellulaire dite CAR-T suivie d'une greffe de cellules souches. Parce que ces patients ont un système immunitaire affaibli, ils sont plus sensibles aux infections. La vitesse à laquelle les médecins peuvent administrer des antibiotiques pourrait jouer un rôle important dans la lutte contre des infections potentiellement mortelles. L'utilisation du capteur a permis de détecter une fièvre potentiellement dangereuse environ cinq heures plus tôt que les contrôles de température standard, qui ont généralement lieu toutes les quatre à huit heures à l'hôpital.
L'hématologue-oncologue Barbara De Moerloose (UZ Gent) :« Il est bon de se rendre compte lors de l'interprétation des résultats que l'organisation des soins de santé aux États-Unis est très différente de celle en Europe. Aux États-Unis, des efforts sont déployés pour réduire les coûts d'hospitalisation en effectuant de nombreux traitements en hôpital de jour. Dans le service d'oncologie pédiatrique où je travaille, nous hospitalisons les patients jusqu'à deux semaines après le traitement CAR-T afin de pouvoir répondre rapidement à un SRC sévère. Ces patients reçoivent un contrôle de température toutes les quatre heures, mais cela se produit plus fréquemment si le patient ne se sent pas bien. À mon avis, le moniteur proposé n'a pas de valeur ajoutée directe pour ces patients, à savoir les enfants à haut risque de SRC grave."
'Le maillon le plus faible reste la phase après détection'
«Cependant, c'est une autre histoire pour les patients en oncologie qui ne sont pas hospitalisés. Ici, une détection plus précoce d'un empoisonnement du sang (par exemple après une chimiothérapie ou après une greffe de cellules souches) ou un début de SRC peut avoir lieu. Cependant, le maillon le plus faible reste la phase après la détection :quelle est la rapidité de la réponse au résultat de la surveillance ? Le patient a-t-il un soignant qui peut l'emmener à temps à l'hôpital ? À quelle distance le patient habite-t-il de l'hôpital ?
Hématologue en formation et chercheuse dans le domaine de la thérapie CAR-T Anne Spanjaart (Amsterdam UMC) :« C'est un article intéressant. Les résultats sont prometteurs, mais d'autres étapes sont nécessaires pour déterminer si ces patchs portables ont réellement une valeur ajoutée pour la pratique clinique. Les épisodes de fièvre mesurés sont-ils réellement liés à des effets secondaires pertinents ? À quelle fréquence les lectures faussement positives se produisent-elles ? Il faudra également qu'il devienne clair dans les études de suivi qui utilisent un groupe témoin si cette nouvelle méthode de mesure entraîne réellement un traitement plus précoce des effets secondaires.'
'La surveillance peut être utilisée pour rendre les soins à domicile plus sûrs'
Le chercheur en oncologie médicale Milan Kos (Amsterdam UMC) :« C'est un bon développement d'envisager les applications possibles de cette méthode de surveillance de la température. En collaboration avec des patients et des experts en cellules CAR-T du conseil national des tumeurs CAR-T, nous développons une "application de surveillance" de l'UMC d'Amsterdam pour les patients et les soignants à domicile. Cette application comprend des questions sur la présence de symptômes et des mesures de paramètres vitaux via des appareils portables. L'application de développements de ce type, où la surveillance s'effectue à domicile sous le contrôle du personnel médical, peut être utilisée pour rendre les soins à domicile plus sûrs. En conséquence, les gens pourront peut-être sortir de l'hôpital plus tôt dans le futur. »
