Perçue comme une solution efficace en complément aux rendez-vous traditionnels avec un médecin, la télémédecine fait de plus en plus d’adeptes. Pour mieux comprendre cette façon de consulter par visioconférence, nous avons rencontré le Dr Sanjeev Sirpal, directeur médical de la clinique virtuelle Olive.
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Pandémie oblige, plusieurs personnes ont déjà fait l’expérience de la télémédecine, soit avec un médecin de famille, un ophtalmologiste, un dermatologue ou tout autre spécialiste contraint d’utiliser ce procéder pour rencontrer ses patients. Les avis sont partagés, mais selon l’Association médicale canadienne (AMC), il semblerait que 91% des patients qui ont consulté leur médecin virtuellement durant la pandémie ont été satisfaits.
L’un des bons côtés de la télémédecine est son accessibilité: les coûts sont abordables et pour en profiter il suffit de posséder un téléphone intelligent ou un ordinateur. Et ça ne prend pas des compétences avancées en technologie: on ouvre l’application, on démarre la consultation et rapidement on est connecté avec un professionnel de la santé. Mais tout ne peut pas être traité à distance, pensez-vous. Que fait-on lorsque certains symptômes ne peuvent se voir par visioconférence, car ils nécessitent un examen tactile? Comment certaines affections qui demandent des tests plus poussés peuvent-elles se traiter par ce genre de consultation?
La personne qui se présente en visioconférence avec les symptômes d’une infection urinaire, par exemple. Dans un premier temps, elle sera rapidement mise en communication avec un professionnel de la santé. Une partie de la rencontre virtuelle consistera à poser des questions pour établir une évaluation complète. «Si les symptômes décrits par la patiente sont compatibles avec une infection urinaire simple, qu’il y a une absence d’allergie, et une absence de symptômes systémiques, on peut prescrire l’antibiotique requis et une analyse de culture d’urine, qui pourra être faite dans un deuxième temps, au CLSC, dans un laboratoire privé ou public, à la discrétion du patient,» précise le Dr Sirpal, médecin urgentologue au CIUSS du Nord-de-l’Île-de Montréal et directeur médical de la clinique virtuelle Olive. Le problème peut donc être réglé assez rapidement et la patiente, dans ce cas particulier, n’a pas eu besoin d’attendre l’ouverture des cliniques ou de se rendre à l’urgence.
Si toutefois en répondant aux questions la patiente démontre d’autres symptômes inquiétants ceux-là – comme une douleur au dos, secondaire à son infection urinaire. «C’est quelque chose que nous allons tout de suite détecter durant l’évaluation de la patiente. Si on soupçonne une infection plus compliquée, qui demande possiblement la prise d’antibiotiques par intraveineuse, on va diriger la patiente vers l’urgence ou vers une clinique. Comme une bonne partie de l’évaluation sera faite, la patiente sera vue rapidement.»
On peut donc voir la télémédecine comme un premier lien entre le patient et le professionnel de la santé.
Clinique Olive
Quand on est malade, on n’a pas envie d’aller attendre des heures à l’urgence, d’être exposé à la COVID – dans le contexte actuel – et à d’autres virus. La télémédecine permet d’éviter tout ça. Les gens se sentent pris en main. Que ce soit dans le cas d’un patient qui est suivi régulièrement ou d’un patient qui a un trouble de santé passager, si un examen physique n’est pas nécessaire, la problématique peut être cernée en télémédecine avec un professionnel de la santé.
Le Dr Sirpal nous donne l’exemple d’un patient diabétique rencontré en télémédecine. «Son diabète n’était pas tout à fait bien contrôlé. Des résultats récents indiquaient un taux de glycémie trop élevé – malgré ses traitements pour le diabète. En discutant avec lui, on a compris qu’il souffrait également d’une douleur thoracique – associée à l’effort physique –, probablement d’étiologie cardiaque, étant donné que ce patient présentait des facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires. Nous l’avons redirigé vers l’urgence afin qu’il consulte rapidement un médecin, en organisant et en assurant son transfert en ambulance.»
Au Québec les médecins travaillent avec le Dossier Santé Québec (DSQ) – un outil provincial sécurisé qui collecte et conserve des renseignements de ceux qui reçoivent des soins au Québec. Ça comprend notamment les médicaments, les prises de sang, ou les résultats de laboratoire. Le médecin de famille peut facilement accéder aux prescriptions qui auraient été demandées en télémédecine, via le DSQ.
C’est pratique de pouvoir consulter un médecin par visioconférence pendant la pandémie, mais après? Selon le Dr Sirpal, la télémédecine est le futur de la médecine. «La pandémie nous a fait réaliser qu’il y a vraiment un besoin pour ce genre de service. Par exemple, c’est rassurant pour une mère de savoir que si son enfant ne va pas bien, au beau milieu de la nuit, elle a une alternative à la salle d’urgence. Au lieu de s’habiller, d’habiller son enfant malade et de le traîner à l’urgence, elle peut tout simplement prendre son cellulaire et démarrer rapidement une consultation avec un professionnel de la santé. Si l’enfant a des éruptions cutanées, elle peut nous envoyer des photos et à partir de ça et de ses symptômes, on peut effectuer une évaluation.
Convaincu par les avantages de la télémédecine, le Dr Sirpal sait qu’il y a beaucoup de choses qui peuvent être réalisées. «Mon rôle, c’est de m’assurer que le service qu’on donne, ça répond aux hauts standards encadrés par le collège des médecins du Québec, et le standard des soins qu’on donne aux patients, c’est égale à ce que les patients vont recevoir à l’urgence ou en clinique» (L’attente en moins…)