La télémédecine devient de plus en plus un réflexe normal. Les rendez-vous virtuels sont pratiques et sûrs… mais sont-ils efficaces?
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En 2020, la pandémie de COVID-19 nous a contraints à passer une bonne partie de nos journées en ligne: les rendez-vous professionnels ont migré sur Zoom. La médecine n’y a pas échappé. Il est alors important de suivre ces règles d’étiquettes lors d’une visoconférence. Partout dans le monde, pour endiguer la propagation du coronavirus, les gouvernements ont exigé de la population qu’elle reste à la maison, quand c’était possible, et évite les sorties non essentielles, notamment les déplacements à l’hôpital ou au cabinet du médecin. Les patients ont alors remplacé la consultation en personne par un appel téléphonique ou un échange vidéo. Avant la pandémie, un Canadien sur 10 avait eu recours à la télémédecine; en mai 2020, 50% des consultations étaient virtuelles.
Pour répondre à une demande croissante, les gouvernements nord-américains et européens, des hôpitaux et certaines entreprises privées ont investi des milliards dans des services de soins virtuels nouveaux ou existants. Le gouvernement canadien a affecté 13,4 millions de dollars à un trio de sociétés en télémédecine et à un «centre d’innovation» en santé numérique tandis que Loblaw investissait 75 M$ dans Maple, une application facilitant la consultation médicale en ligne. Le Québec, où plus d’un million et demi de patients auraient consulté en télémédecine depuis le début de la pandémie de COVID-19, peut aussi compter sur son portail Rendez-vous Santé Québec.
Les visites virtuelles conviennent parfaitement aux tâches simples, comme le renouvellement d’ordonnances, ou aux diagnostics et traitements de problèmes de santé qui se «voient» – rougeur aux yeux, éruptions cutanées, varices – ou à la description par le patient de ses symptômes – douleur lombaire, angine à streptocoque ou infection urinaire, notamment. La télémédecine est idéale pour le suivi de maladies chroniques, comme l’insuffisance cardiaque, qui ne requièrent pas un nouveau diagnostic mais seulement la surveillance du patient pour suivre l’évolution des symptômes et discuter des effets secondaires des médicaments. Le diabète est aussi un bon candidat: il suffit que le patient télécharge et envoie électroniquement le résultat de sa glycémie, son dosage et d’autres informations pertinentes pour qu’une infirmière les analyse.
En santé mentale, la thérapie se prête également bien au numérique, mais il y a des avantages et des inconvénients. Les thérapeutes ne sont plus en mesure d’apprécier le langage corporel qui donne une idée du bien-être du patient, et les connexions internet de mauvaise qualité sont déstabilisantes quand l’échange est difficile. Cela dit, certains patients préfèrent ce mode de consultation. «Un peu de distance favorise la franchise et parler de sujets douloureux devient moins stressant», reconnaît Annette Totten, professeure adjointe à l’Oregon Health and Science University, qui a étudié en profondeur la télémédecine. Qu’elle soit en ligne ou en présentiel, voici quelques conseils à suivre pour une bonne thérapie.
Les recherches d’Annette Totten montrent que, bien appliquée, la télémédecine profite à tout le monde. Il y a moins d’admissions à l’hôpital, donc plus de lits disponibles pour les patients qui ont besoin de soins en réanimation – un facteur décisif durant la pandémie. Et c’est plus pratique pour les patients, ajoute Michelle Greiver, médecin de famille à Toronto, qui a transféré toute son activité en télémédecine au début de la pandémie. «Les patients n’ont plus à s’absenter du travail ou à se déplacer au cabinet», se réjouit-elle.
Une enquête menée en mai 2020 par l’Association médicale canadienne a révélé que 91% de ceux qui avaient consulté en télémédecine étaient «très satisfaits» de l’expérience.
Pour que tout se déroule bien, Annette Totten recommande de préparer le rendez-vous avec une liste de questions, de demander des instructions écrites pour la suite et de bien vérifier si la connexion internet est satisfaisante.
De nombreux hôpitaux et systèmes de santé publics sont dotés de plateformes de télémédecine, et certaines start-ups proposent un accès immédiat à un médecin, moyennant des frais. Maple, par exemple, fait payer la consultation virtuelle entre 49 et 99$.
Il y a bien sûr des situations où la télémédecine ne suffit pas. «Le diagnostic est un art et les médecins puisent l’information à plusieurs sources, explique Annette Totten. Le toucher ou l’odorat sont parfois nécessaires et donc incompatibles avec la télémédecine.» Il faut pouvoir palper pour trouver une tumeur, une hernie ou une fracture. Il est primordial pour votre santé de ne plus dire l’un de ces mensonges fréquents à votre médecin.
Les femmes enceintes gagnent à se déplacer chez l’obstétricien. C’est aussi vrai ensuite pour les consultations en pédiatrie: les nourrissons ne peuvent s’exprimer sur leurs bobos et doivent se faire vacciner régulièrement. Pour des problèmes nécessitant une intervention rapide – fracture, essoufflement qui perdure, symptômes de crise cardiaque ou d’AVC –, les patients sont invités à se précipiter aux urgences, pas sur leur tablette.
La Dre Greiver s’attend à ce que l’augmentation du recours à la télémédecine se poursuive après la pandémie. «Je ne pense pas qu’on retrouve les consultations en personne comme avant la pandémie. Pour assurer les meilleurs soins, ce n’est pas nécessaire.»
La consultation virtuelle sans rendez-vous est-elle possible quand on n’a pas de médecin?
Oui, de nombreuses cliniques proposent des consultations virtuelles. Celles-ci sont couvertes par les régimes de santé des provinces, mais il faut dans certains cas réserver un créneau quelques heures, voire un jour avant. Certains services proposent des rendez-vous quasi immédiats avec un médecin, moyennant des frais.
Qui a le plus recours à la télémédecine?
Les jeunes et, du moins avant la pandémie, les ruraux. Suivant une enquête menée en mai 2020 par le service en télémédecine MDLive, 72% des personnes interrogées âgées de 18 à 44 ans ont dit qu’elles auraient «sans doute» ou «certainement» recours à la télémédecine, contre seulement 61% des 45 à 65 ans.
Et le respect de la vie privée?
Il est recommandé de s’informer sur les mesures de protection des données adoptées par le fournisseur de services et de se renseigner sur les éventuels signalements de mauvais usages des données par cette société.