Tout n’a pas été mauvais négatif en 2021, mais le Nouvel An est l’occasion de lui dire au revoir. Qu’est-ce qu’il nous attend ensuite?
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Il y a deux ans, avant l’ère du Virus, mon époux et moi avons passé un merveilleux réveillon du Nouvel An 2020. Nous avons bu du prosecco et joué aux charades avec de bons amis dans leur maison de campagne entourée de neige scintillante. Nos deux enfants faisaient la fête avec des dizaines de leurs amis, comme on s’y attend de la part de jeunes adultes.
Le début de l’année 2021 a ressemblé davantage à une réunion de famille des Névrosés Anonymes. Ce que les temps avaient changé!
Bien qu’il aurait préféré être coincé dans un ascenseur envahi d’abeilles, Geoffrey, notre fils de 20 ans, est venu pour le réveillon parce qu’il n’y avait simplement rien d’autre qu’il puisse faire sans enfreindre les consignes. Aucun rassemblement permis. Clara, notre fille de 24 ans qui ne vivait plus avec nous depuis des années, a passé la soirée dans notre chambre d’invités. Elle venait de se faire extraire ses dents de sagesse et devait récupérer. Alors que l’un se morfondait et que l’autre gémissait, leur présence, dans notre maison en quarantaine depuis plusieurs mois, nous inquiétait comme si nous avions été envahis par des ours.
De mon côté, je contribuais à l’«effort de guerre», en encourageant les restaurateurs locaux qui avaient désespérément besoin de commandes à emporter. Mais Clara ne pouvait manger que de la nourriture pour bébé au moyen d’une paille; mon mari Ambrose est un végétarien diabétique qui venait de bannir la farine, les pommes de terre et le sucre de son alimentation; et Geoffrey ne pensait pas du tout à manger. Il rêvait de quelque chose d’inaccessible, comme d’une petite amie qu’il pourrait rencontrer dans une fête ou, à défaut… je ne sais pas…, d’une bouffée d’opium.
Tout le monde était malheureux et à bout de nerfs. Moi-même, mère qui s’enorgueillit d’être calme, j’ai éclaté en un beuglement injustifié: «D’accord, J’ABANDONNE! Débrouillez-vous tout seuls. Je soutiendrai le resto en commandant pour moi seule une triple portion de steak-frites.» Après quoi, sans savoir quoi faire d’autre, je suis allée marcher d’un pas troublé et coupable sur la route sombre et vide avec notre chienne, qui venait sans doute d’engloutir les croquettes pour l’insuffisance rénale de notre chat. Au moins, elle était heureuse.
À l’approche de minuit, mon fils et moi avons regardé sur mon ordinateur le compte à rebours de minuit à Times Square; ma maison se trouve dans le même fuseau horaire que New York. Mais les lieux étaient peuplés de personnages gonflés plutôt que d’humains. Et puis nous avons finalement remarqué que la «célébration» était diffusée avec une minute de retard. Dix, neuf, huit…, bon, peu importe.
Nous avons quand même mesuré notre chance. Nous étions en bonne santé – à peu près. Oui, bien sûr, il y a eu une recrudescence de l’hypocondrie et de la phobie des germes.
Clara était terrifiée à l’idée d’ouvrir la bouche chez le dentiste, et Ambrose refusait de quitter la maison à cause de la cible qu’il avait dans le dos: le diabète et l’hypertension artérielle sont les vulnérabilités favorites de la COVID-19; Geoffrey s’est persuadé qu’un grain de beauté sur son ventre était cancéreux – ce n’était pas le cas – et, moi, je souffre d’un trouble anxieux généralisé. Admettons, donc, que peut-être nous n’étions pas mentalement dans un excellent état. Mais, tout de même, nous étions ensemble, et nous étions vivants.
Il est difficile d’imaginer ce que sera le prochain réveillon du Nouvel An, car nous avons tous appris à ramener nos attentes à presque zéro. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. Les petits moments de joie inattendus, quand notre vie change du jour au lendemain, devraient nous faire réfléchir.
J’ai notamment remarqué que les gens ont renoncé au glamour. Le mascara est devenu invisible; quant au rouge à lèvres, à quoi bon derrière un masque? Les ventes de soutien-gorge ont certainement chuté. Un jour, alors que j’allais en ville à une réunion, je me suis rendu compte dans la voiture que j’avais oublié le mien. J’avais perdu l’habitude.
Et puis, il y a cette fois où, dans la file d’attente à l’épicerie du coin, j’ai remarqué que tous les clients, moi comprise, portaient le pyjama.
Certaines tentatives pour paraître parfait et maître du jeu au travail ont été comiquement sapées par des technologies comme Zoom. Un avocat du Texas a comparu devant un juge avec une image virtuelle de chat triste superposée à son propre visage, image dont il n’a pas réussi à se débarrasser. Le directeur politique national d’un groupe de défense d’intérêts a tenu une réunion virtuelle au cours de laquelle il a accidentellement transformé sa tête en pomme de terre. Des gens qui travaillaient ont voulu de se présenter de façon solennelle sinon guindée à leurs collègues lors de ces rencontres, mais les chiens, les enfants et les bruits du voisinage ont anéanti leur mise en scène.
En somme, nous sommes tous devenus bien plus humains. Et les moments les plus célébrés de la pandémie n’étaient plus dirigés par des célébrités, mais par les gens ordinaires qui cherchaient simplement à voir le côté comique des choses. Comme le populaire jeune chorégraphe vietnamien qui a fait la promotion du nettoyage des mains via un concours de danse sur TikTok, ou encore le présentateur sportif de la BBC qui, faute de pouvoir commenter de vraies compétitions, a commencé à filmer et à commenter le repas de ses chiens, comme s’il s’agissait d’une course olympique. Tout cela m’a rappelé cette pensée attribuée au poète persan Rumi: «Si tout ce qui vous entoure semble sombre, regardez encore. Vous êtes peut-être la lumière.»
L’anxiété m’est familière, et l’une des choses que j’ai apprises, c’est que la catastrophe ne survient jamais de la manière prévue. Si, comme on l’a dit, l’anxiété est une peur qui se cherche une cause, nous avons certainement trouvé une cause depuis deux ans. Mais nous avons aussi trouvé de l’humour et de l’humanité.
À l’orée de 2022, serons-nous autorisés à crier: «Bonne année»? Il me semble qu’il faut le faire. Prenons aussi un verre et – l’oserons-nous? – embrassons peut-être même nos amis.
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