Coup de marketing ou réelle opportunité de moderniser notre système éducatif ? Tout dépend de la façon dont vous utilisez ces nouvelles technologies en classe.
Coup de marketing ou réelle opportunité de moderniser notre système éducatif ? Tout dépend de la façon dont vous utilisez ces nouvelles technologies en classe.
Nous y revoilà :une nouvelle technologie émerge, et revoilà les questions... Les partisans affirment que la tablette PC améliorera l'apprentissage et préparera mieux les étudiants à une société en mutation. Les opposants veulent interdire par tous les moyens la tablette PC par crainte pour la santé de leurs enfants (ils n'en deviendront pas dépendants de toute façon) et/ou s'interrogent sur le coût de l'ensemble. Exactement les mêmes questions et inquiétudes qu'avec l'introduction de la radio, de la télé, de l'informatique dans l'éducation…
D'ailleurs, ils sont également apparus lors de l'introduction d'un nouveau type de cuisinière, la plaque à induction :est-ce que cela donne un meilleur goût aux aliments que lors de la cuisson au gaz ou à l'électricité ? Seules les discussions s'y arrêtent plus vite. Plus importante que l'impact sur le produit final semble être la question de savoir si la plaque à induction sera moins chère ou si elle rendra le processus de cuisson plus efficace. De la même manière, l'introduction d'une nouvelle technologie elle-même n'améliorera pas l'apprentissage des élèves. À moins que vous ne commenciez à faire de nouvelles choses avec ces technologies, bien sûr :plus de viande, mais des légumes…
L'introduction de la technologie dans les salles de classe commence par l'idée de réformer l'éducation; le but ultime est de meilleurs résultats d'apprentissage et souvent différents pour les élèves. Mais la technologie seule n'apportera pas cette transformation. C'est ce qui ressort de diverses études comparant l'enseignement technologique à l'enseignement dit « traditionnel » :aucune différence significative n'est constatée (voir par exemple www.nosignificantdifference.org). De plus, il apparaît que les nouvelles technologies sont souvent utilisées pour faire exactement la même chose que dans « l'éducation traditionnelle ». La preuve en est les tableaux noirs numériques, qui sont apparemment principalement utilisés comme tableaux noirs « normaux ». Du point de vue des coûts, cela semble être un investissement très coûteux, si vous faites exactement la même chose qu'avec un morceau de craie sur un tableau noir normal.
Il en sera de même lorsque vous utiliserez des tablettes PC pour remplacer les feuilles d'exercices. Et si on fait exactement la même chose, il ne faut pas s'étonner qu'on ne trouve aucun effet, et que les parents aient raison de s'interroger sur le coût. Nos voisins du nord sont aussi complètement sous le charme des tablettes PC, plus précisément de l'iPad. Ils vont créer la soi-disant «école Steve Jobs» (voir par exemple Martens, 2012). Un examen plus approfondi révèle qu'il ne s'agit pas de l'iPad, mais de l'approche. Si ces écoles abordent l'apprentissage différemment, c'est parce qu'elles partent des centres d'intérêt des élèves, parce qu'elles permettent aux élèves de travailler en groupe, parce que les élèves peuvent rechercher eux-mêmes des informations à la maison et via internet, etc. Quiconque estime qu'un iPad est nécessaire pour cela peut s'inspirer des pratiques en vigueur dans plusieurs écoles de méthode, dont l'enseignement Freinet.
Pourquoi ne pas investir dans l'intégration de toutes ces technologies en classe, ne pas les laisser faire partie de l'éducation ? Non, car Internet, les iPad et les tableaux blancs numériques peuvent certainement y contribuer. Au lieu de se demander s'ils doivent ou non être utilisés dans les écoles, il faudrait simplement les inclure dans la liste des supports disponibles comme support d'apprentissage. En d'autres termes, il devrait être évident qu'ils sont utilisés dans l'enseignement. Il y a donc un rôle majeur pour les décideurs politiques, la formation des enseignants et les initiatives de formation continue. Si nous utilisons toute cette question pour nous concentrer sur les objectifs et la conception de l'apprentissage, nous nous dirigeons probablement vers l'innovation et la réforme. Si cela ne concerne que l'appareil, alors il s'agira principalement d'un problème de marketing. Alors faisons de la technologie un levier d'innovation pédagogique, et n'investissons pas dans les appareils en tant que tels, mais dans leur usage ciblé, stimulant et inspirant.