Les athlètes dopés peuvent bénéficier d'une courte cure de stéroïdes pendant dix ans, une carrière sportive moyenne de haut niveau.
Les jeunes souris qui reçoivent un court traitement ponctuel de dopage ont encore un effet clair trois mois plus tard, longtemps après que le dopage a disparu du corps. Convertis en années humaines, les sportifs dopés bénéficient donc d'une cure courte de stéroïdes pendant peut-être dix ans, une carrière sportive de haut niveau en moyenne.
Le résultat remarquable de l'étude rappelle le personnage de dessin animé Obélix, qui, petit garçon, est tombé dans un chaudron de potion magique et a donc eu des pouvoirs surnaturels toute sa vie. Cet effet semble également exister dans la réalité, et la potion magique est une courte cure de stéroïdes.
Des scientifiques de l'Université d'Oslo ont dopé de jeunes souris avec de la testostérone pendant deux semaines. Les animaux ont ensuite été soustraits au dopage pendant trois mois. La masse musculaire des souris ex-dopées à ce moment-là n'était pas supérieure à celle des souris témoins propres. Lorsque les souris se sont ensuite entraînées sur un tapis roulant pendant six jours, la masse musculaire des souris ex-dopées a augmenté beaucoup plus rapidement que celle des souris propres. La masse musculaire du premier groupe a augmenté de 31 %, chez les souris témoins, elle était à peine de 6 %.
Mémoire musculaire
Selon les chercheurs, l'effet est dû à la soi-disant «mémoire musculaire». Les souris (et les humains) qui ont fait beaucoup d'exercice à un jeune âge, avec ou sans stéroïdes, sont plus sensibles à l'entraînement à l'âge adulte que les personnes qui ont toujours été inactives. Plus sensible à l'entraînement signifie qu'ils créent plus rapidement du tissu musculaire et atteignent donc plus rapidement un niveau de performance supérieur.
En effet, lors de l'entraînement, le nombre de noyaux cellulaires dans le tissu musculaire augmente en même temps que la masse musculaire. Les jeunes sportifs qui arrêtent de faire de l'exercice perdent leur masse musculaire accumulée, mais le nombre de noyaux cellulaires reste stable pendant longtemps. Lorsque les séances d'entraînement reprennent par la suite, le tissu musculaire repousse autour de ces noyaux cellulaires plus rapidement qu'avec les autres.
Les scientifiques norvégiens ont découvert que le traitement court à la testostérone augmentait de 66 % le nombre de noyaux cellulaires chez les jeunes souris. En conséquence, ils ont construit du tissu musculaire plus rapidement à l'âge adulte que les souris témoins. Selon les chercheurs, les trois mois sans dopage représentent une dizaine d'années, la durée d'une carrière sportive de haut niveau, convertie en années humaines.
C'est pourquoi ils préconisent dans The Journal of Physiology proposant de suspendre les athlètes pris à vie, et non deux ans comme c'est actuellement le cas. L'Agence mondiale antidopage (AMA) a déjà demandé aux scientifiques de répéter leurs recherches chez l'homme.
Le physiologiste Wim Derave de l'Université de Gand qualifie les résultats de convaincants et l'affirmation des chercheurs est justifiée. «Des chercheurs scandinaves ont montré il y a quelque temps que les culturistes qui avaient utilisé des stéroïdes dans le passé, même cinq ans après avoir cessé de les utiliser, avaient toujours des muscles différents de ceux des athlètes propres. Depuis lors, j'ai été agacé par des athlètes tels que le sprinter britannique Dwain Chambers, qui est autorisé à revenir sur le circuit de sprint deux ans après un test positif aux stéroïdes anabolisants. (ks)
