Voici pourquoi il vaut mieux décrisper les mâchoires et éviter le grincement des dents! Un mouvement qu’on appelle bruxisme.
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Depuis un an et demi, les dentistes canadiens déplorent un nombre croissant de fractures dentaires, d’obturations abîmées et de douleurs mandibulaires chez leurs patients. Il est trop tôt pour le conclure, mais certains spécialistes présument que le stress de la pandémie en a poussé beaucoup à grincer des dents ou à serrer les mâchoires – mouvements qu’on appelle bruxisme.
N’hésitez pas à adopter ces bonnes habitudes de dentistes pour prévenir la carie dentaire.
Involontaire, le bruxisme peut se produire en état de veille ou de sommeil, causer des douleurs, contracter les mâchoires, le cou ou le visage et rendre des dents sensibles.
Ajoutons que les maux de tête sont trois fois plus probables chez les bruxomanes.
Il y a une étroite corrélation entre un haut niveau de stress ou d’anxiété et le bruxisme, en particulier le serrement des mâchoires. D’autres recherches sont nécessaires pour mieux la cerner, mais certaines études estiment qu’en état de veille, ce bruxisme «centré» serait un mécanisme de défense comme se ronger les ongles ou taper du pied.
Le stress n’est pas la seule cause possible. Si vous absorbez trop de caféine (plus de six tasses par jour) ou d’alcool, vous aggravez le risque, car l’un et l’autre suractivent les muscles des mâchoires. On sait que la surconsommation d’alcool (trois verres ou plus par jour) double le risque de grincer des dents ou de serrer les mâchoires pendant le sommeil.
Une théorie sur l’origine du bruxisme veut qu’il fasse partie de la réaction ancestrale de lutte ou de fuite déclenchée par notre système nerveux parasympathique. Gilles Lavigne, professeur à la faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal, compare cette réaction involontaire à une pendule à coucou: toutes les 20 ou 40 secondes, le coucou émerge du cadran (dans notre cas, le sommeil profond) et scrute les environs à la recherche de signes de danger. S’il n’en voit pas, il rentre dans son nid, et nous continuons à dormir, mais s’il perçoit une odeur ou un bruit nouveau, par exemple, il carillonne, et nos muscles, dont ceux des mâchoires, se tendent, prêts à affronter ou à fuir la menace.
Pour protéger les dents contre l’usure que tend à produire le bruxisme nocturne, le dentiste peut prescrire des gouttières dentaires sur mesure, mais elles ne règlent pas le problème de fond – qu’il s’agisse du stress ou de la surconsommation de caféine –, et le bruxisme peut finir par provoquer des douleurs chroniques ou même un trismus, contracture des muscles masticateurs.
Si le bruxisme devient plus fréquent ou douloureux, il faut envisager un traitement global. Un conseiller psychologique peut aider à déterminer la cause du stress ou de l’anxiété ainsi qu’à réduire la consommation de caféine et d’alcool. Un physiothérapeute, lui, pourra atténuer la douleur en massant les muscles de la tête et du visage, et en appliquant une technique appelée aiguilletage à sec, qui consiste à insérer des aiguilles dans les muscles masticateurs pour les détendre.
Karim Meghji, physiothérapeute à Calgary, précise qu’il corrige aussi la posture de ses patients, car rester penché sur un ordinateur ou étendu sur un divan pendant de longues périodes peut aggraver le bruxisme. «Quand la tête est projetée vers l’avant, le cou est tendu et la posture assise est forcément tassée», dit-il en expliquant que cela exerce sur les muscles du cou et de la mâchoire une pression qui les garde mobilisés – et donc tendus – alors qu’ils devraient plutôt être détendus.
La pandémie a sûrement amplifié nos mauvaises habitudes posturales. Karim Meghji y voit quand même un avantage: ayant plus de temps libre, les patients ne se contentent plus de solutions bancales comme les gouttières et sont plus disposés à envisager des changements durables dans leur mode de vie pour jouir d’une meilleure santé tant physique que mentale.
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