La rigidité et la flexibilité de la structure matricielle de notre corps varient considérablement, même à l'échelle du micromètre. Les cellules doivent donc se déplacer et se déformer en permanence pour savoir exactement où elles se trouvent.
Tout comme les insectes, les cellules de notre corps utilisent également des palpeurs pour détecter leur environnement immédiat. Celles-ci consistent en des protéines collantes qui dépassent de la paroi cellulaire externe et atteignent, par exemple, les fibres de la matrice extracellulaire - le cadre qui maintient nos organes et tissus en place et permet aux cellules de croître, de se diviser et de se différencier. On savait auparavant que ces « protéines sensorielles » sont capables de mesurer l'élasticité ou la rigidité de l'environnement. Mais dans quelle mesure ils peuvent alors le faire, et ce que font exactement les cellules avec cette information, n'était pas clair.
Les scientifiques américains en savent maintenant un peu plus sur ce que font exactement ces protéines sensorielles. Ils l'ont ensuite fait en utilisant un modèle informatique complexe dans lequel ils ont simulé les tenants et les aboutissants d'une cellule corporelle ordinaire piégée dans une «jungle» dense de protéines de collagène (la matrice structurelle de notre peau, de nos muscles et de nos os) et dans un réseau de fibrine ( le réseau protéique à partir duquel, entre autres, les caillots sanguins existent).
La simulation n'a laissé aucun doute :les réseaux de collagène et de fibrine se sont avérés contenir des fibres très rigides et très élastiques (et tous les grades intermédiaires). De plus, les régions rigides pourraient être proches des flexibles, avec seulement quelques micromètres entre elles.
Conclusion :une seule cellule peut toucher à la fois des fibres rigides et élastiques avec différentes protéines sensorielles, ce qui rend l'information sur le tissu dans lequel elle se trouve plutôt floue. Pour avoir une image précise de leur environnement – et tout indique que cela se produit – les cellules doivent donc se déplacer en permanence et également pouvoir se déformer (par exemple s'étirer). Une cellule immobile devine.