Refuser définitivement les homosexuels comme donneurs de sang est autorisé sous certaines conditions. C'est l'avis de la Cour européenne de justice. Une mesure justifiée ?
Refuser définitivement aux homosexuels de donner du sang est autorisé sous certaines conditions. C'est l'avis de la Cour européenne de justice. Cependant, les pays européens doivent alors démontrer, entre autres, que ces hommes ont un risque élevé de contracter le VIH, par exemple.
En 2009, un Français est allé en justice parce qu'il s'était vu refuser le don de sang en raison de sa relation sexuelle avec un homme. La France, comme de nombreux autres pays, exclut les homosexuels des dons de sang. Le tribunal déclare maintenant que le tribunal français doit, entre autres, déterminer si le risque plus élevé pour les homosexuels de contracter des maladies infectieuses transmissibles par le sang et des agents pathogènes tels que le VIH existe toujours en France. Il convient également d'examiner s'il existe des techniques moins intrusives qui garantissent toujours la sécurité et la santé du destinataire.
L'Institut néerlandais des droits de l'homme a déclaré mercredi que l'exclusion permanente des homosexuels du don de sang conduit à la discrimination. La Cour de l'UE a également ces préoccupations, mais les renvoie à la juridiction nationale pour déterminer s'il y a discrimination. Les hommes homosexuels sont également exclus du don de sang aux Pays-Bas et en Belgique. Dans de nombreux pays, dont les Pays-Bas, de plus en plus de voix demandent que cela soit modifié.
Le médecin microbiologiste Hans Zaaijer de la banque de sang néerlandaise Sanquin et de l'Université d'Amsterdam a qualifié la mesure - à savoir que les hommes qui ont déjà eu des relations sexuelles avec des hommes ne sont en aucun cas autorisés à donner du sang - très lourd mais nécessaire. "Des recherches ont montré que le nombre d'infections au VIH aux Pays-Bas augmente depuis vingt ans chez les jeunes hommes homosexuels, tandis que le chiffre chez les hétérosexuels reste stable."
La mesure est également sensible en Belgique. Par exemple, l'animateur de radio Tom De Cock racontait il y a trois ans qu'il était fidèle à sa compagne, qu'il trouvait donc ridicule qu'il ne soit pas autorisé à donner du sang et qu'il ait menti sur sa sexualité dans le questionnaire médical. De cette façon, il pourrait encore donner du sang. "Nous avons réagi vivement à l'époque, car la valeur du questionnaire médical dépend de l'honnêteté du donneur", explique Philippe Vandekerckhove, directeur général de la Croix-Rouge flamande. « Les règles ne sont pas non plus établies à partir du droit du donneur au don, mais à partir du droit du patient à un sang sûr. Et dans le contexte du don de sang sécurisé, nous ne pouvons tout simplement pas contrôler le comportement de chaque donneur individuellement. »
"M. De Cock oublie également que s'il est fidèle à son partenaire, il ne peut jamais savoir avec une certitude à cent pour cent si son partenaire lui est fidèle", ajoute Zaaijer. Il fait référence à des infections à VIH qu'il a parfois trouvées chez des hommes qui croyaient à tort qu'ils avaient un homme monogame. Vandekerckhove la compare à la mesure par laquelle toute personne ayant séjourné au Royaume-Uni pendant six mois ou plus entre le 1er janvier 1980 et le 31 décembre 1996 se voit interdire de donner du sang afin d'exclure la transmission de la variante humaine de la maladie de la vache folle. « Supposez que vous étiez un végétarien strict pendant cette période, alors vous ne courriez aucun risque. Mais vous serez toujours exclu, car nous préférons être trop prudents que de prendre trop peu de mesures.'