La thérapie de pleine conscience serait une alternative équivalente à la médication. Une réclamation justifiée ?
La thérapie de pleine conscience fonctionne aussi bien contre la dépression récurrente que les médicaments. C'est selon une nouvelle étude. Une réclamation justifiée ?
Il s'agit d'une étude bien conçue de l'Université d'Oxford menée auprès de personnes ayant des antécédents de dépression grave et majeure et un risque élevé de rechute. Ce sont des personnes qui ont vécu au moins trois épisodes dépressifs majeurs au cours de leur vie :elles ont 80 % de chances de rechuter dans les deux ans. Pour réduire ce risque de rechute, ce groupe reçoit des antidépresseurs en continu pendant une période de deux ans. Puis une petite moitié rechute.
Les chercheurs voulaient savoir si une combinaison de pleine conscience et de thérapie cognitivo-comportementale (MBCT) était une meilleure alternative. Un total de 424 adultes présentant un risque de rechute grave de dépression ont été inclus dans l'étude :la moitié a reçu des antidépresseurs et un soutien de médecin généraliste. L'autre moitié a suivi le MBCT :pendant 8 semaines, ils ont suivi 2h15 d'entraînement hebdomadaire en pleine conscience en combinaison avec des techniques comportementales de résolution de problèmes et ils ont également reçu plus de devoirs à emporter chez eux. Les participants de ce groupe MBCT qui ont pu le faire ont été autorisés à arrêter de prendre des antidépresseurs :71 % ont réussi.
Tous les participants ont été suivis pendant deux ans :les jours sans dépression, la qualité de vie, les rechutes et le rapport coût-efficacité ont été examinés. Les résultats montrent que 44 % du groupe MBCT et 47 % du groupe antidépresseur ont rechuté dans la dépression. La conclusion était que la pleine conscience combinée à la thérapie cognitivo-comportementale n'est pas meilleure que les antidépresseurs pour prévenir la récurrence de la dépression chez les personnes à haut risque, mais pas pire non plus. Ce n'est pas non plus plus rentable. Les deux sont donc comparables.
Comment devons-nous interpréter cette nouvelle ?
Il s'agit d'une étude bien menée, mais la conclusion ne s'applique qu'aux rechutes de dépression chez les personnes à haut risque. Sur la base des résultats, on ne peut conclure que la dépression peut être prévenue avec la pleine conscience, ou après un premier épisode dépressif. Les deux interventions thérapeutiques sont égales, donc aucune n'est spectaculaire :un peu moins de la moitié des personnes rechutent encore dans une nouvelle dépression.
La pleine conscience est intéressante pour les personnes qui redoutent de prendre des antidépresseurs depuis longtemps. Incidemment, les antidépresseurs ont des effets secondaires. La pleine conscience, cependant, nécessite une pratique intensive. Tous les participants à cette étude étaient prêts à le faire, mais ce n'est peut-être pas le cas pour tous ceux qui souffrent de dépression sévère. Une petite mise en garde est que deux des quatre chercheurs impliqués dans cette étude dispensent eux-mêmes une formation à la pleine conscience. Ils n'étaient peut-être pas totalement neutres.
La pleine conscience n'est pas la même chose que la méditation. Plus d'informations peuvent être trouvées dans l'Institut pour l'Attention et la Pleine Conscience.
Conclusion
En effet, l'effet de la pleine conscience combiné aux techniques cognitivo-comportementales est comparable aux antidépresseurs pour les personnes ayant vécu au moins 3 épisodes de dépression majeure. Les résultats sont tout aussi peu spectaculaires :près de la moitié des rechutes.
Kuyken W, Hayes R, Barrett B, et al. Efficacité et rapport coût-efficacité de la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience par rapport au traitement antidépresseur d'entretien dans la prévention des rechutes ou des récidives dépressives (PREVENT) :essai contrôlé randomisé. Le Lancet. Mise en ligne le 20 avril 2015
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