Tous les casse-tête seraient bons pour le cerveau et permettraient de soulager l’anxiété.
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En décembre dernier, alors que je cherchais des cadeaux pour les fêtes, j’ai eu la fantaisie de m’offrir un casse-tête. Achat inhabituel chez moi, mais que j’ai expliqué plus tard par le besoin d’échapper au stress que nous sommes nombreux à éprouver en cette époque de l’année.
Qu’on ne se méprenne pas: je suis toujours très heureuse de voir ma famille, mais ces réunions ont le don de mettre nos défauts au premier plan. Ce casse-tête pimpant aux teintes roses avait tout ce qu’il fallait pour me changer les idées. Et pour 20$, c’était une affaire. Pourquoi s’en priver?
Inventé au XVIIe siècle, le casse-tête a servi d’outil éducatif. Il a gagné en popularité chez les adultes lors de la crise de 1929. «La fabrication et l’achat étaient bon marché, et cette activité remplissait les journées et les soirées de désœuvrement», écrit la romancière Margaret Drabble dans ses mémoires. Aujourd’hui, certains esprits parmi les plus éclairés sont accros, notamment Bill Gates et la reine d’Angleterre. Vu ses bienfaits sur la santé – il stimule les compétences cognitives et retarde la perte de mémoire, la démence et l’alzheimer, par exemple –, on comprend pourquoi.
Aussitôt que je me mets à mon casse-tête, je sens que j’ai trouvé ce qu’il me fallait. Au lieu de l’excès habituel de Netflix en fin de soirée, je classe les 1000 pièces jusqu’au petit matin et finis par assembler le tout en quelques jours. Je me sens possédée par ces gestes calmes et méthodiques, comme en état d’hypnose ou comme si j’avais médité des heures. Pour assembler un casse-tête, les deux côtés du cerveau doivent travailler de concert, ce qui explique le sentiment de sérénité. Tout le cerveau est mobilisé par une tâche spécifique et les pensées parasites sont mises en sourdine. Quoi de plus apaisant?
C’est un sentiment que partage Roby Breen, une danseuse qui enseigne à Toronto. À l’occasion d’une réunion de famille il y a quelques années, Roby a redécouvert le casse-tête et en a aussitôt apprécié l’effet relaxant. «Je me suis sentie vraiment bien, complètement détendue», se remémore-t-elle.
Roby Breen souffre d’anxiété et quand l’inquiétude devient trop écrasante, elle passe un peu de temps devant un casse-tête avant de se mettre au lit. «C’est une façon de faire taire des pensées superflues», explique-t-elle. Et ça marche, si bien que, pendant un temps, se pencher sur un casse-tête a fait partie de son rituel quotidien.
D’après Susan Vandermorris, neuropsychologue clinicienne à Toronto, tous les casse-tête sont bons pour le cerveau. Elle insiste sur les bienfaits de cette activité pour soulager le stress. «Se consacrer à un casse-tête dans ce monde hyperconnecté revient à se mettre entre parenthèses pour plonger dans une tâche immersive, loin des interruptions et des tensions de la vie quotidienne», dit-elle.
Le casse-tête nous oblige à décoder une information visuelle complexe et à résoudre des défis logiques, explique Susan Vandermorris. «Le cerveau est en activité, et tout ce qui nous fait apprendre est bon pour la santé.» Faire un casse-tête en compagnie est encore plus bénéfique, estime la neuropsychologue. «À plusieurs, l’engagement cognitif qui maintient le cerveau actif et l’engagement social sont réunis. La conversation est une activité cognitive complexe.»
Le casse-tête est aussi l’occasion de développer des liens intergénérationnels, aujourd’hui si rares. «Encouragez vos adolescents à éteindre leur téléphone pour faire un casse-tête avec grand-maman et vous susciterez une de ces belles interactions familiales si difficiles à organiser de nos jours.»
Ma longue histoire d’amour avec les casse-tête a commencé avec les formes en bois que ma mère empruntait à la bibliothèque et que j’assemblais par terre dans le salon, à Thompson, au Manitoba. On offrait souvent des casse-tête à Noël, quand nous étions enfants et, pendant quelques jours, toute la famille s’y mettait sur la table de la salle à manger. C’est là une note nostalgique qui contribue certainement à mon engouement actuel.
Ces derniers mois, les casse-tête ont eu de salutaires effets thérapeutiques. Les soirs d’ennui, assembler ces petites pièces a fait plus que m’aider à passer le temps. J’y ai trouvé un sentiment de confiance et un but les jours où j’avais l’impression de n’en avoir aucun. J’aime cette activité et j’ai hâte de m’y remettre quand je rentre à la maison. La vie n’est peut-être pas parfaite, mais trouver la bonne pièce pour mon casse-tête me comble.
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