Bien que l'électrosensibilité ne soit pas une condition reconnue, les plaintes qui lui sont attribuées sont réelles. On pense qu'un effet nocebo est à l'origine. De quoi s'agit-il et que pouvons-nous y faire ?
En septembre, deux moines français ont été surpris en train d'incendier deux antennes relais. Les messieurs étaient convaincus que les mâts émettaient des «rayons 5G» et nuisaient ainsi à la santé des résidents locaux. Ils ont été menottés pour vandalisme et tentative de vandalisme. L'ordre monastique, où résident les deux hommes, attache peu d'importance à l'action criminelle. Elle a même dit qu'elle partageait la conviction de ses membres incendiaires.
En France, mais aussi en Wallonie, il y a beaucoup de protestations contre le déploiement de la 5G, la technologie qui permet une communication de données mobile ultra-rapide, voire jusqu'à deux cents fois plus rapide que la 4G. La large installation de la 5G a été politiquement bloquée en Belgique pendant un certain temps. Pas tant à cause des dommages allégués à la santé, mais à la suite d'un problème d'argent qui tourne autour des droits d'utilisation des radiofréquences. Les choses avancent depuis l'été. De plus en plus de pays européens, dont la Belgique, ont commencé à installer la 5G.
Certains voient cette évolution avec consternation. Leur peur des dommages pour la santé est liée à la peur des rayonnements électromagnétiques. Si la longueur d'onde de ces rayons invisibles est inférieure à 100 nanomètres, l'énergie est suffisamment élevée pour causer des dommages à l'ADN en tirant des électrons des molécules. Ces ondes électromagnétiques ionisantes sont potentiellement cancérigènes.
Les ondes électromagnétiques de plus grande longueur d'onde ne causent pas de dommages directs. Ils peuvent causer des dommages par la chaleur dégagée lorsque le rayonnement est absorbé par les tissus. Pour éviter cela, des limites d'exposition ont été fixées par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP).
Les inconvénients sont réels, mais la source présumée n'y joue aucun rôle
La communication de données mobiles pour la 3G et la 4G utilise de 1,9 à 2,4 gigahertz, tandis que la 5G utilise de 0,7 à 3,5 GHz. En termes d'exposition, il y a peu de différence entre la 4G et la 5G. Avec la 5G, la fréquence est plus élevée pendant l'utilisation, mais plus faible lorsqu'elle n'est pas utilisée. Le nombre d'applications basées sur Internet augmente également, mais l'exposition totale reste toujours inférieure aux normes imposées. Par conséquent, les experts ne voient aucune raison de s'alarmer. Au cours des trente dernières années, de nombreuses recherches ont également été menées sur les cultures cellulaires, les animaux de laboratoire et l'homme. A ce jour, il n'y a pas d'indications d'effets nocifs, tant que l'exposition reste inférieure aux normes.
Cela ne change rien au fait qu'un certain nombre de personnes attribuent les plaintes au rayonnement électromagnétique. Ils se disent électrosensibles. Leurs plaintes sont plutôt vagues, comme des troubles du sommeil, des maux de tête, de la nervosité, de l'irritabilité, de la fatigue ou des problèmes de concentration. L'électrosensibilité n'est pas une condition reconnue, mais une condition décrite dans la littérature comme une intolérance environnementale idiopathique.
Ce parapluie comprend également d'autres phénomènes, comme les plaintes attribuées aux obturations d'amalgames ou le vrombissement des éoliennes. Dans ces cas également, une relation causale entre les symptômes et la source alléguée n'a jamais été établie. De plus, aucun mécanisme physiologique n'est concevable qui expliquerait de telles associations.
On suppose qu'un effet nocebo est à l'origine :lorsqu'on est si fortement convaincu de la nocivité des rayonnements électromagnétiques, on obtient une série de désagréments lorsqu'on s'y expose. Essayez-le :imaginer que vous croquez dans un citron suffit aussi à faire fonctionner vos glandes salivaires. Les inconvénients sont réels, mais la source présumée n'y joue aucun rôle.
Les plaintes attribuées à l'électrosensibilité ne doivent donc pas être écartées. Ceux qui en souffrent peuvent être aidés par un traitement psychologique axé sur une exposition bien supervisée et contrôlée aux rayons électromagnétiques, en combinaison avec des informations correctes. Les moines français qui sont allés au-delà de leurs moyens ont mis le feu au mauvais mât, celui qui n'était pas connecté à un réseau 5G.